
Une place moderne cache l’un des secrets les plus sombres de l’histoire d’Avignon. Sous les étals colorés du marché de la Place Pie, où les Avignonnais achètent quotidiennement leurs fruits et légumes, se trouve l’emplacement exact d’une maison détruite après l’une des exécutions les plus dramatiques du XVIe siècle.
Jean-Perrin Parpaille, président du Parlement d’Orange et ancien fidèle du pape, fut décapité le 9 septembre 1562 sur cette place. Sa conversion au protestantisme lui coûta la vie, et sa maison fut rasée le jour même de son exécution par une foule en colère.
Aujourd’hui, cette histoire tragique contraste avec l’innovation écologique du lieu : un mur végétal de Patrick Blanc orne désormais les halles modernes, créant une symbiose unique entre mémoire historique et modernité urbaine.
L’histoire sanglante cachée sous le marché moderne
La chute spectaculaire d’un homme de pouvoir
Jean-Perrin Parpaille occupait une position exceptionnelle dans la société avignonnaise du XVIe siècle. Fils d’un ancien primicier de l’Université d’Avignon, il était chevalier de l’ordre du Pape et avait même pris Malaucène aux huguenots en 1560, démontrant sa fidélité catholique initiale.
Une conversion qui bouleverse tout
En 1561, Parpaille se convertit au protestantisme et devient l’un des chefs du mouvement dans le Valentinois. Cette trahison aux yeux des autorités pontificales scelle son destin. Banni d’Avignon, il tente de mettre le siège devant Châteauneuf-du-Pape avant d’être arrêté à Bourg-Saint-Andéol en mai 1562.
L’exécution qui donna naissance à la place
Un spectacle macabre pour l’époque
L’exécution de Parpaille fut orchestrée comme un véritable spectacle. Exposé d’abord dans une cage suspendue sur l’actuelle Place Pie, il fut décapité au petit matin. Son corps resta exposé toute la journée sur l’échafaud, sa tête étant ensuite placée devant le Palais des Papes avec une pancarte le traitant d’hérétique et de traître.
La destruction immédiate de la maison familiale
Le jour même de l’exécution, la population avignonnaise pilla et rasa complètement la maison de Parpaille. Cet espace libéré devint la Place Pie, nommée en hommage au pape régnant. Le 30 janvier 1563, Laurent Lenzi bénit le début de la construction d’une colonnade destinée à abriter les maraîchers.
La transformation architecturale unique au monde
Des colonnades pontificales aux halles modernes
La construction de la colonnade s’étala de 1563 à 1624, grâce notamment à la donation de pierres par Charles Conti en 1603. Cette structure comprenait des boutiques, un corps de garde et une chapelle, servant également de place d’armes pour les troupes pontificales à partir de 1591.
L’innovation écologique du XXIe siècle
En 1972, les anciennes halles furent remplacées par un complexe moderne incluant un parking souterrain. L’innovation majeure survint en 2005 avec l’installation du mur végétal de Patrick Blanc sur la façade, créant une attraction écologique unique en Provence pour un marché couvert.
Ce qu’il faut retenir de cette transformation historique
Un héritage linguistique méconnu
Le nom de Parpaille donna naissance au terme « parpaillots », surnom donné aux protestants, bien que cette étymologie soit débattue avec une possible dérivation de « parpalhon » (papillon en occitan). Cette influence linguistique perdure encore dans le vocabulaire français contemporain.
Un exemple unique de résilience urbaine
La Place Pie illustre de manière exceptionnelle la capacité des espaces urbains à transcender leur histoire tragique. De lieu d’exécution publique au XVIe siècle, elle est devenue un espace d’échanges et de vie sociale, entourée aujourd’hui de monuments prestigieux comme l’Hôtel des Monnaies et le Musée du Petit Palais.
Depuis le 6e étage du parking, les visiteurs peuvent admirer une vue panoramique sur les toits d’Avignon et le Palais des Papes, créant un contraste saisissant entre l’infrastructure moderne et le patrimoine médiéval. Cette place représente ainsi un témoignage unique de la transformation des lieux de mémoire en espaces de vie contemporains.
Questions fréquentes sur la Place Pie
Pourquoi la place s’appelle-t-elle Place Pie ?
La place porte le nom du pape régnant au moment de sa création en 1563, après la destruction de la maison de Jean-Perrin Parpaille. Les sources historiques divergent entre le pape Pie IV et Pie V.
Que reste-t-il aujourd’hui de l’histoire de Parpaille ?
Aucun vestige visible de la maison de Parpaille ne subsiste. Seul l’emplacement de la place témoigne de cette histoire tragique, aujourd’hui occupé par un marché moderne et son mur végétal innovant.
Peut-on visiter le mur végétal de Patrick Blanc ?
Le mur végétal est visible librement sur la Place Pie. Cette création de 2005 constitue l’une des attractions écologiques uniques d’Avignon, alliant innovation botanique et patrimoine historique.
La place sert-elle encore de marché aujourd’hui ?
Oui, la Place Pie abrite toujours un marché couvert dans les halles modernes construites en 1972, perpétuant une tradition commerciale vieille de plus de quatre siècles depuis la création des premières colonnades.