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Cet aéroport français ferme aux passagers pour accueillir que des jets privés

septembre 7, 2025

En janvier 2023, l’aéroport d’Avignon-Provence a franchi un cap historique. Avec l’arrêt définitif de la dernière liaison commerciale assurée par Flybe vers Birmingham, cet aéroport du Vaucluse est devenu l’un des rares en France à abandonner totalement l’activité passagers régulière.

Aujourd’hui, cette infrastructure de 183 hectares ne vit plus que pour une clientèle très particulière : les propriétaires de jets privés. Une reconversion qui interroge autant qu’elle fascine, dans un contexte où l’aviation d’affaires explose en Europe.

Cette transformation radicale soulève des questions essentielles sur l’avenir des aéroports régionaux français. Comment un aéroport peut-il survivre économiquement avec seulement 3 758 passagers commerciaux en 2023, soit une chute de 62,1% par rapport à l’année précédente ?

La renaissance exclusive par l’aviation d’affaires

Une piste de 1 880 mètres dédiée aux jets privés

L’aéroport d’Avignon-Provence dispose d’atouts techniques remarquables pour l’aviation d’affaires. Sa piste bitumée de 1 880 mètres peut accueillir des Gulfstream américains et des Embraer brésiliens, des appareils prisés par la clientèle fortunée européenne.

16 000 passagers VIP annuels

Malgré l’arrêt des vols commerciaux, l’aéroport maintient une activité significative avec 16 000 personnes transportées annuellement via les jets privés. En incluant l’aviation civile, les charters et les équipages, ce sont 80 000 personnes qui transitent chaque année par cette plateforme spécialisée.

Les défis économiques d’une reconversion unique

Un modèle financier sous surveillance

Cette transformation pose la question cruciale de la rentabilité. L’aéroport, subventionné par la région PACA et l’État, doit justifier son maintien malgré la perte de son trafic commercial historique.

La formation des pilotes comme activité compensatrice

Depuis la crise Covid-19, l’aéroport a développé une activité de formation intensive. Les pilotes ayant perdu leurs licences pendant les confinements doivent repasser leurs habilitations, générant un nouveau flux de revenus pour la plateforme vauclusienne.

Une infrastructure technique de pointe préservée

Équipements ILS Catégorie I maintenus

L’aéroport conserve ses systèmes d’atterrissage aux instruments les plus sophistiqués. Cette infrastructure technique, rare sur les aéroports régionaux, permet d’accueillir des vols d’affaires par tous temps, un avantage concurrentiel décisif.

Capacité d’accueil de 200 000 passagers préservée

Avec ses deux terminaux et ses 31 postes d’embarquement, l’aéroport pourrait théoriquement reprendre une activité commerciale massive. Cette capacité dormante représente un potentiel de reconversion future si les conditions économiques évoluent.

Les enjeux d’avenir de cette reconversion

Un modèle viable à long terme ?

L’explosion de l’aviation d’affaires post-Covid pourrait justifier cette spécialisation. Les clients fortunés privilégient désormais la discrétion et la flexibilité des aéroports secondaires, évitant les contraintes des grandes plateformes commerciales.

Une controverse écologique grandissante

En mai 2025, Extinction Rébellion Avignon-Vaucluse a organisé un référendum citoyen sur le démantèlement de l’aéroport. Leurs arguments : plus de 10 millions d’euros d’économies annuelles possibles et une réduction significative de l’impact carbone régional.

Questions fréquentes sur l’aéroport d’Avignon-Provence

Pourquoi l’aéroport a-t-il abandonné les vols commerciaux ?

L’érosion du trafic commercial a commencé en 2008 avec l’arrêt de la ligne Paris par Air France. La cessation d’activité de Flybe en janvier 2023 a marqué la fin définitive de l’activité passagers régulière, avec seulement 3 758 passagers commerciaux cette année-là.

Combien de jets privés utilise l’aéroport actuellement ?

L’aéroport accueille environ 16 000 passagers annuels via l’aviation d’affaires, transportés par des jets privés de différentes tailles, des petits turbopropulseurs aux gros-porteurs d’affaires comme les Gulfstream.

L’aéroport peut-il reprendre une activité commerciale ?

Techniquement, l’infrastructure permet de reprendre une activité commerciale. Avec sa piste de 1 880 mètres et sa capacité de 200 000 passagers annuels, l’aéroport pourrait accueillir des compagnies low-cost ou des liaisons saisonnières si la demande se manifestait.

L’aéroport d’Avignon-Provence illustre une nouvelle réalité du transport aérien français. Entre viabilité économique et acceptabilité sociale, ces reconversions vers l’aviation d’affaires dessinent peut-être l’avenir de nombreux aéroports régionaux européens face aux défis climatiques et économiques contemporains.