
Au cœur d’Avignon, un éperon rocheux de 3 hectares recèle l’un des secrets archéologiques les plus fascinants d’Europe. Les fouilles menées par Sylvain Gagnière en 1960 ont révélé une continuité d’occupation exceptionnelle depuis le Néolithique final, soit près de 5500 ans d’histoire ininterrompue.
Cette découverte place le Rocher des Doms parmi les sites urbains les plus anciens du continent, témoignant d’une stratification culturelle unique au monde. Les vestiges mis au jour racontent l’histoire d’un peuple qui a choisi ce promontoire naturel pour s’établir durablement.
Mais c’est une stèle anthropomorphe datée de 3500 ans avant J.C. qui constitue le véritable trésor de ce site exceptionnel, révélant des pratiques rituelles et artistiques d’une sophistication remarquable pour l’époque.
La stèle anthropomorphe : un chef-d’œuvre néolithique unique
Des dimensions minutieusement sculptées
Cette stèle en molasse burdigalienne mesure précisément 26 cm de hauteur, 17 cm de largeur et 10 cm d’épaisseur. Sa forme de plaque arrondie dans la partie supérieure révèle un savoir-faire technique remarquable pour l’époque du Néolithique final.
Une iconographie révolutionnaire
Le visage humain stylisé présente des caractéristiques uniques : nez rectangulaire, yeux creusés en cupules, arcades sourcilières parfaitement rendues, mais absence totale de bouche. Cette représentation témoigne d’une conception artistique particulière aux civilisations néolithiques provençales.
Les symboles solaires : une découverte archéologique majeure
Le mystère des huit rayons
Dans la partie inférieure droite de la stèle, une cupule profonde d’où jaillissent huit rayons de longueur inégale constitue une découverte unique sur ce type d’artefact. Cette représentation solaire n’a jamais été observée sur d’autres stèles anthropomorphes européennes.
Les 18 cupules dorsales
Au dos de la stèle, 18 cupules soigneusement creusées forment un ensemble décoratif dont la signification reste mystérieuse. Les archéologues y voient un possible système de comptage ou un calendrier lunaire primitif.
Une occupation continue exceptionnelle en Europe
Cinq millénaires d’histoire stratifiée
Les recherches de Gagnière ont démontré une occupation continue de la fin du Néolithique au Moyen Âge. Cette permanence d’habitat sur un même site urbain constitue un cas d’étude unique pour comprendre l’évolution des civilisations européennes.
Un patrimoine archéologique stratifié
Outre la stèle, les fouilles ont livré des objets en silex, des tessons de poterie néolithiques et des vestiges de toutes les époques. Cette stratigraphie exceptionnelle fait du Rocher des Doms un véritable livre d’histoire à ciel ouvert.
L’héritage contemporain d’un site millénaire
De l’archéologie au tourisme culturel
Aujourd’hui transformé en jardin remarquable depuis 2003, le site continue de révéler ses secrets. Le classement aux Monuments historiques en 2024 reconnaît officiellement sa valeur patrimoniale exceptionnelle pour l’humanité.
Un modèle de conservation urbaine
L’aménagement moderne respecte scrupuleusement les vestiges anciens, créant un dialogue harmonieux entre passé néolithique et présent. Cette approche fait du Rocher des Doms un modèle de valorisation patrimoniale urbaine.
Questions fréquentes sur le Rocher des Doms
Peut-on voir la stèle anthropomorphe aujourd’hui ?
La stèle originale est conservée dans les collections du Musée Calvet d’Avignon pour sa préservation. Des reproductions fidèles permettent aux visiteurs d’appréhender ce chef-d’œuvre néolithique.
Comment dater précisément ces vestiges néolithiques ?
Les archéologues utilisent la datation au carbone 14 et l’analyse stratigraphique. La stèle anthropomorphe est datée avec certitude de 3500 ans avant J.C., période du Néolithique final.
Pourquoi ce site a-t-il été occupé si longtemps ?
La position stratégique du rocher, dominant le Rhône et offrant une défense naturelle, explique cette occupation millénaire. L’accès à l’eau et la fertilité des terres environnantes ont favorisé l’installation humaine permanente.
Le Rocher des Doms illustre parfaitement comment l’archéologie moderne révèle la richesse insoupçonnée de notre patrimoine urbain. Cette continuité d’occupation de 5500 ans en fait un témoin exceptionnel de l’évolution humaine européenne, où chaque pierre raconte une histoire millénaire toujours vivante.