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Cette piste de courses de 175 ans fermée par une invasion de sangliers

septembre 18, 2025

Une invasion de sangliers a mis fin à 175 ans de tradition hippique sur l’un des sites les plus prestigieux de France. L’hippodrome de Roberty, inscrit aux monuments historiques depuis 1993, vit une crise sans précédent qui bouleverse l’univers des courses françaises.

Cette situation inédite frappe un joyau du patrimoine équestre français, créé en 1850 par Charles Thomas dans le Vaucluse. Le domaine de 125 hectares, protégé comme site naturel depuis 1972, découvre aujourd’hui que sa richesse environnementale peut se transformer en menace directe pour ses activités.

Les dégâts causés en mars 2025 illustrent parfaitement les défis contemporains auxquels font face les patrimoine historiques. Comment un site classé peut-il survivre à une invasion animale qui remet en question son fonctionnement même ?

Le patrimoine hippique unique menacé par la nature

Un statut de protection exceptionnel en France

L’hippodrome de Roberty bénéficie d’une double protection rarissime dans le paysage hippique français. Inscrit aux monuments historiques le 5 avril 1993, puis partiellement classé le 29 mai 2006, il figure parmi les très rares hippodromes français dotés de ce statut patrimonial. Les tribunes, façades, toitures et même certaines pièces de la maison de maître sont protégées, créant un ensemble architectural d’une valeur historique exceptionnelle.

Des installations préservées depuis le XIXe siècle

La piste de 1460 mètres de circonférence avec sa ligne droite de 400 mètres conserve l’esprit des courses du Second Empire. Ce site représente l’un des derniers grands domaines agro-industriels créés au 19e siècle dans la couronne avignonnaise, témoin d’une époque où l’hippodrome accueillait même les réunions des Alpes-Maritimes avant la construction de Cagnes-sur-Mer.

L’invasion qui a tout changé en 2025

200 mètres carrés de piste détruits

Une horde de sangliers a ravagé la piste en retournant 200 mètres carrés de terrain répartis en deux zones distinctes de 100 mètres carrés chacune. Ces dégâts ont contraint l’annulation du début de saison prévu le 13 avril 2025, une première dans l’histoire moderne de l’hippodrome. Les courses ont dû être déplacées d’urgence vers Marseille pour garantir la sécurité des chevaux et des drivers.

Des solutions techniques d’urgence

Face à cette crise inédite, les gestionnaires ont mis en place un plan d’action immédiat. La réfection complète des zones endommagées s’accompagne de l’installation d’une clôture électrique périmétrique pour empêcher le retour des sangliers. Le redémarrage de l’activité, initialement espéré pour début mai 2025, reste conditionné à l’efficacité de ces mesures préventives.

L’impact économique d’une crise environnementale

Un budget fragilisé par l’interruption d’activité

Avec un budget annuel de 370 000 euros soutenu à 40% par la Fédération nationale des courses, l’hippodrome ne peut se permettre une saison amputée. Les 4 500 euros du conseil général de Vaucluse et les 2 000 euros de la ville du Pontet, ajoutés au loyer de 30 000 euros, créent un équilibre financier précaire que cette crise met en péril.

Une survie institutionnelle en question

Cette invasion survient alors que la Société hippique d’Avignon souhaite que la commune du Pontet acquière l’hippodrome pour sécuriser son avenir. Les temps de crise économique et les coupes budgétaires des collectivités locales compliquent cette transmission patrimoniale pourtant cruciale pour la préservation du site.

Quand la protection environnementale devient un paradoxe

Un écrin naturel devenu refuge pour la faune sauvage

Les 58 hectares de prés et de bois qui entourent le champ de courses constituent un habitat idéal pour les sangliers en quête de nourriture et d’abri. Cette richesse écologique, initialement protégée pour sa valeur environnementale, crée paradoxalement les conditions favorables à l’installation durable de populations de sangliers près des installations hippiques.

Une gestion patrimoniale complexifiée

Le statut de site naturel classé limite les possibilités d’intervention drastique contre la faune sauvage. Les gestionnaires doivent concilier préservation du patrimoine bâti, respect de l’environnement naturel et maintien d’une activité hippique viable. Cette triple contrainte illustre parfaitement les défis contemporains de gestion des patrimoines historiques en milieu naturel.

Questions fréquentes sur la crise de l’hippodrome de Roberty

Pourquoi les sangliers s’attaquent-ils spécifiquement aux pistes ?

Les sangliers retournent la terre de la piste pour chercher des vers, larves et racines. L’herbe tendre et régulièrement entretenue des hippodromes offre un terrain de fouille idéal, plus accessible que les sols forestiers plus durs.

D’autres hippodromes français connaissent-ils ce problème ?

Bien que la prolifération des sangliers touche de nombreuses régions françaises, l’ampleur des dégâts à Roberty et l’annulation complète d’une saison restent exceptionnelles dans le milieu hippique français contemporain.

Les clôtures électriques sont-elles efficaces contre les sangliers ?

Les clôtures électriques montrent une efficacité de 70 à 80% contre les sangliers adultes, mais leur succès dépend de la maintenance régulière et de la végétation environnante qui ne doit pas créer de courts-circuits.

Quel avenir pour cet hippodrome historique ?

L’avenir dépendra de l’efficacité des mesures anti-sangliers et de la capacité des collectivités à soutenir financièrement ce patrimoine unique, malgré les contraintes budgétaires actuelles des institutions publiques françaises.